notes

ROUTE SANS NOM

Par Le 02/01/2025

Provincia de Jaén (2023)

Tel Don Quichotte de la Manche, je confie mon itinéraire aux soins du hasard. Pardon, laissez-moi corriger ; hasard, hasard, c'est vite dit. Il serait préférable, pour la bonne compréhension de la suite, que je vous éclaire à propos de la signification que je prête à ce terme, et à la notion que je lui accorde ou lui retire dans mon lexique personnel. D'ailleurs, pour nommer la chose dont je souhaite vous entretenir, "hasard" pourrait, dans un premier temps, paraître avantageusement remplacé par "imprévu".
La singularité de l'imprévu consiste en ce qu'il peut être prévu. À Dieu vat ! Je peux prévoir de ne pas prévoir mon itinéraire. Dès lors je sais que je vais vers l'imprévu. Je ne peux prévoir de faire un double six aux dés, je dois m'en remettre au hasard, c'est-à-dire aux combinaisons du réel dont la régie m'échappe absolument, sauf tricherie.
Ces réflexions tarabiscotées n'auront pas beaucoup éclairé notre chemin, les relisant déjà, parce que le doute m'accompagne partout, je les trouve fumeuses et tout à fait contestables.


En conséquences, je reprends.


Au lieu de "imprévu", j'aurais mieux fait de proposer "inspiration". Certes, si j'avais réfléchi davantage avant de commencer à écrire, vous auriez gagné du temps, or pour ma part, je tiens à distance une telle préoccupation économique soumise au diktat de l'efficacité, soit la peste de l'esprit humain. En effet, ne vous déplaise, j'apprécie de perdre du temps en chemin. Je ne me déplace pas comme un VRP, que nenni, je musarde.


Par surcroît, l'inspiration s'accommode du hasard comme de l'imprévu. C'est tout bénéfice. Elle bat la cadence poïétique qui marque toutes mes pérégrinations. Plus simplement qu'un Paul Valéry, quoique tout à fait en accord avec lui, j'entends par poïétique ce qui concerne le poétique dans le domaine du faire, du créer, soit à mon sens l'acte de vivre essentiel. Celui auquel je me livre. Celui qui donne sens à ma vie, à tout le moins selon mes propres considérations... Faire du poétique pour poétiser l'existence, dirai-je non sans redondances.


Alors, poétiser? Oui, c'est mieux! Soit : tout aborder selon le poétique. Considérer le Tout comme poétique. Rendre tout poétique. Le moindre, le plus petit, le plus inaperçu. Rouler, marcher, rire, converser, écrire, lire, photographier, dessiner, chanter, manger, boire, aimer, s'ennuyer, rêver, siester contre le tronc d'un arbre ou dans mon lit...


De nouveau, un doute m'assaille. Peut-être qu'au fond, il y a grande prétention à penser, ou à croire, que l'on peut poétiser le monde. Hölderlin propose une voie plus humble, quoique follement ambitieuse quand j'y réfléchis à deux fois, en préconisant d'habiter poétiquement le monde. La formule réunit l'actif et le passif. À mon sens, on ne comprend véritablement le poétique que si l'on admet qu'il concerne le faire tout en pouvant se passer de forme. Il est la pulsation, l'écho du monde au centre de l'Être. Où est le faire, dans ce cas? Eh bien, dans le travail de l'Être pour atteindre, habiter et ouvrir son centre à l'Infini. Il n'est que là, au centre de l'être - le hara décrit par Durkheim - que peut sourdre le poétique, où l'énergie du poème se rassemble, venant à la fois du Dehors, du Dedans, de l'Autre, du Tout. Elle se métamorphose dans l'alchimie du coeur et rend le faire possible. Le faire apparent, perceptible.


J'appartiens au Tout, il est donc simple de comprendre que la Poésie procède du dedans comme du dehors, elle va de l'un à l'autre, du réel à l'imaginaire, elle est un flux, un courant provenant de l'énergie primordiale du monde, qui prend valeur poétique, mieux que dans le coeur, dans l'âme humaine. L'âme étant considérée comme le lieu de rencontre du tellurique, du céleste et de l'émotion, selon un point de vue personnel forgé à partir de mes expériences repensées à la lecture de François Cheng, indispensable et précieux passeur d'Est en Ouest.
Allons à l'inspiration, donc.

Comme le décrit Cervantes, le chevalier errant laisse les rênes sur le garrot de son cheval, livré au gré de ses fantaisies, lesquelles conduisent nécessairement à des situations où la présence d'un preux se trouve requise. Bien entendu, il faut tout de même le conduire un peu au début du périple, sans quoi il choisit le chemin de l'écurie, à l'instar de Rocinante lorsque Don Quichotte ressort de l'auberge où il a enfin été armé chevalier, abandonnant le choix du cap à son cheval. Toujours la veulerie guette. Par la suite, passant près d'une prairie grasse et verte, rafraîchie par un ruisselet chantant, nous n'omettrons jamais de faire une halte, et même de desseller et débrider notre destrier pour le laisser se reposer, brouter à sa guise ou fleurer les humeurs de quelques mules ou juments qui vaqueraient dans les parages. Si tant est que notre véhicule soit un mâle, comme l'est Rocinante contrairement à ce qui est généralement cru. Dans le cas contraire il sera simple pour l'imagination de remplacer mules ou juments par mulets et entiers.

Mon voyage - je rassemble sous ce vocable l'ensemble toujours en progrès de mes errances - se déroule sous le signe du donquichottisme. Je le sais depuis mon enfance, quoique l'ayant compris rétroactivement, une fois lues les aventures du Chevalier à la Triste figure. Le souvenir de ma première rencontre avec Lui est enfoui dans ma mémoire. J'imagine que je l'aurai croisé lors d'un cours d'espagnol, au détour heureux d'une ennuyeuse journée de collège. Ou en admirant la fameuse encre de Pablo Picasso, le représentant avec Sancho Panza, dans l'épisode des moulins, le seul que connaisse le grand public, qui ne prend que quelques lignes dans les deux tomes de l'ouvrage couvrant plus d'un bon millier de pages.
Comme lui, je vais à l'aventure. À l'aventure de moi-même. Au-devant de mon devenir.
Je vais dans l'inconnu, l'incertain, l'égarement volontaire, l'étonnement, le doute.


C'est pourquoi, lorsque je rêve mon prochain départ sur la carte, mes yeux quittent les autoroutes pour les routes en rouge, puis les routes en rouge pour les jaunes, puis les jaunes pour les blanches, puis les blanches pour celles, blanches aussi, dont l'un des bord figure en pointillés, pour indiquer une mauvaise carrossabilité. Et quand je me trouverai là, enfin, je guetterai les chemins de terre, les voies oubliées où le goudron n'est plus qu'un lointain souvenir, ici et là, et je m'y engagerai si cela me chante. Dix, quinze, vingt, trente kilomètres au grand dam des amortisseurs, sans savoir où cela mène, tous les sens aux aguets, le regard au gré d'un paysage qui me semble vierge, seulement habité par le chevrier, le paysan, le bûcheron...

Je pérégrine avec Li Po, Wang Wei, Bashô sur l'étroit chemin sans nom. Je ne suis plus qu'une particule de la Poésie du réel, de l'Instant, de l'Univers.
Je vais vers la Vérité sans jamais l'atteindre, comme je vais vers l'horizon qui s'éloigne à la mesure de mon progrès. Attention, je ne prétends pas à la Vérité, elle reste inaccessible. Je ne sais rien d'elle, sinon qu'elle est une limite, une direction plutôt qu'un but. Je vais sans maîtriser la route, dans le simple et permanent souci de la justesse. Justesse à moi-même, à la situation, à l'itinéraire qui se présente, au désir...

Don Quichotte prend la route vers l'inconnu pour vivre des aventures et redresser les torts. Il est à la fois égoïste et altruiste. D'un côté, conquérir la gloire personnelle, de l'autre, servir son prochain. Redresser les torts signifie pour lui prendre le parti du faible, de l'opprimé, même si ce dernier est un brigand. Il part du principe - opportun ici, déplacé là - que les chaînes doivent être brisées. Il y a de l'anarchie au coeur du chevalier, comme le remarque très justement Lydie Salvayre. Plus exactement, un anarco-romantisme. Une révolte. Une colère. Et aussi, et surtout : de l'Amour. L'Amour impossible, grandiose, déraisonnable, indépassable, désintéressé. Agapè. Voici la vraie, l'indispensable raison de son départ. Aldonza Lorenzo existe, pas Dulcinée del Toboso, celle qui est cependant indispensable à l'action.

En réalité, c'est au-devant de la Mort que Don Quichotte s'aventure et m'entraîne. Il mourra, à la fin, quand ses illusions se seront dissipées. Je crois que j'en veux un peu à Cervantes pour ce choix sans appel. Il nous ramène au monde, au réel, quand le poète ne veut que l'inventer et en déjouer la sentence. Et pourtant, la mort viendra.

Par ailleurs, dans une idée moins sombre, son héros va à la rencontre de lui-même et chemin faisant, il vient à ma rencontre. Cent fois, mille fois je suis tombé sur lui au cours de mes divagations. Toujours il me dit : "Ce n'est pas au-devant de moi, mais de toi-même que tu vas. Au-devant des torts à redresser en toi. Des combat à gagner en toi. Des archipels à conquérir en toi. De la Beauté à découvrir et à chérir en toi."
 

Les géants, les enchanteurs ne peuplent pas le réel. Il ne sont que des moulins, des moutons, des outres de vin. Or à l'intérieur de moi, ils existent. Les démons intérieurs. Ce sont eux que je combats sans cesse. Qu'on le comprenne enfin, la Paix du monde serait à ce prix. S'il faut redresser des torts, que ce soit ceux j'ai pu commettre, et ceux que l'on m'a faits.

Le voyage de Don Quichotte relève d'une quête intérieure vers une lumière noire. Noire, mais lumière. Un acte de rédemption. Une confession intime. Une mise à l'épreuve du courage, de la  grandeur. Un tentative désespérée et grandiose pour prendre la mesure de l'essentiel, ou mieux, pour donner une idée de la démesure de l'essentiel. Un combat pour que le poétique l'emporte sur le pratique, pour que le désintéressement l'emporte sur l'intéressement qui fait de chaque être un Sisyphe poussant une noria pour irriguer le monde avec l'eau de sa propre perte.

La route sans nom mène à l'inconnu de moi, l'incertain en moi, le reste à comprendre, à connaître, à savoir. Elle est route de l'étonnement, de l'apparition, de la révélation, de l'inutile qui fait de moi autre chose qu'un boursicoteur de l'existence. Elle me réinvente, elle me prend au col, elle me met à l'épreuve, elle me raconte qui je suis et je l'oubli à chaque virage parce sans cesse qu'elle m'étonne et requiert toute mon attention, tout mon engagement.

Je ne cherche rien d'autre de ce que j'ai décrit sinon de vivre le sentiment d'aller vers ce qui est hors de moi et résonne en moi, ce qui réverbère les lumières et les ombres de mon coeur, ce qui, dès lors que je l'ai rencontré, vient en moi, me construit, enrichit le terreau de l'oubli, s'incorpore à mon être, le rejoint, le nourrit, le traverse et regagne le Tout. Le Monde n'est pas à moi. Je suis au Monde.

Ainsi, la route sans nom, la "unamed road" du gps, je peux enfin la nommer sans la nommer. Elle porte le nom d'une année, d'un jour, d'une couleur, d'un ciel, d'une odeur, d'une présence, d'une absence, d'une impression, d'un sentiment, d'une crevaison, d'une panne, d'un fou-rire, d'un appel, d'une réminiscence... Elle ne figure sur aucune carte. Son tracé, désormais, est en moi.

1er janvier 2025 © Olivier Deck

DE L'EXTRÊMORDINAIRE

Par Le 14/08/2024

Dq 130824 lit livre

11 août 2024 Capbreton

Attendre le départ. Regarder encore les cartes. Lire. Rêver le voyage.
Dans son livre BW, Lydie Salvayre évoque le voyage conçu comme un tauromachie. C'est ainsi, en effet. Encore une fois, je pars pour me frotter à l'inconnu au-dedans, pour risquer ma peau actuelle, pour mourir à moi-même et renaître au plus près de ce que je suis, de ce que je crois être, de ce que je deviens. Pour muer à l'intérieur. Chaque voyage est l'occasion d'une métamorphose de soi en soi. Avant de partir, je relis les propos de Jankélévitch sur l'aventure. Celle qu'il nomme l'aventure aventureuse, par opposition à l'aventure aventurière. Il n'est pas d'aventure véritable que celle qui engage la vie, met en danger, et point de danger véritable autre que le danger de mort. La Poésie, c'est descendre dans l'arène de l'existence sans aucune autre raison que de se frotter au réel tel qu'il est. Non dans ses extrêmes extraordinaires mais dans son extrême ordinaire, que le poème métamorphose. L'extrêmordinaire. Un appareil photo, une plume, une guitare à la main, être capable de considérer ce qui advient comme un défi, un enjeu à la vie à la mort. Allez jusqu'au bout. Sans idée de gagner ni de perdre.

&

Je pars pour prendre un temps d'avance. Pour aller au-devant de ce qui adviendra. On pourra m'accuser de chipoter, advient ce qui advient, certes, qu'on le devance ou non. Oui et non. Je choisis de partir pour me jeter encore et encore dans l'aventure du chemin, changer les données de la normalité. Certes, je ne brave pas d'autre danger que le danger métaphorique, si l'on excepte les dangers de la route, le risque d'être occis pour un oui ou pour un non au détour de la rue par un malfaisant, de manger une tortilla toxique préparée avec des oeufs importés de la région de Zaporijia, une ensaladilla rusa concoctée par un cuistot russe du SVR qui m'aurait pris pour un espion allemand à cause de mon teint teuton exacerbé par le soleil andalou et de mon Leica made in Germany, de contracter une maladie échappée de la pisse du pangolin ou d'un laboratoire chinois de recherche médicale, on n'est plus sûr de rien, en ce monde civilisé. Cela ne date pas d'aujourd'hui, je me souviens, lorsque j'étais enfant, de ces longues files de gens qui attendaient - c'était du côté de Valencia - pour être vaccinés contre le choléra dont une épidémie se propageait en Espagne. Bref, sauf accident de parcours, je ne vais pas au-devant du danger habituel dont l'aventurier fait sa publicité. Foin de tigre du Bengale, de sommet à 8000 ou de tempête en mer... Ici, le danger est intérieur. Le toro est métaphorique. Je prends la route pour écrire une chanson de geste sans savoir de quoi sera fait le voyage. Je vais au-devant de ce qui voudra bien croiser ma route. Comme Don Quichotte va au-devant des péripéties. Je ne laisse pas venir, je ne reste pas chez moi, bien installé dans le fauteuil des habitudes, les pieds glissés dans les rassurantes pantoufles du décor familier, entouré par mes livres, mes casseroles et mes guitares. Je pars. Parce qu'il y a péril en la demeure, voilà qui n'est pas nouveau, certes, mais toujours valable. La même Lydie Salvayre, dans le même livre qui traite des voyages de BW, cite la "manie ambulatoire" signalée dans les manuels de psychiatrie. Sans doute suis-je atteint, comme le chevalier à la triste figure, du mal ambulatoire. Le syndrome du partir. Le mouvement est à la fois mon symptôme et ma potion, la distance mon saignement et mon traitement au long cours.

à suivre...

©Olivier Deck

APPEL : Mmes et MM. galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur, chroniqueur, journaliste... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (exposition, publication, récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact par messagerie.

Poétique du prosaïque et vice versa

Par Le 13/08/2024

DON QUIJOTE DE LA MANCHA

 

Avant de prendre le départ, je voudrais apporter quelques imprécisions supplémentaires à propos de l'emploi, qui pourrait sembler intempestif, que je fais des mots "poésie", "poème", "poète"... Se dire poète n'a rien d'outrecuidant, sauf à considérer la poésie comme un domaine réservé à une caste dont on serait en droit de se demander qui décide qu'untel en est et tel autre non. J'entends d'ici grincer les dents des grincheux. Qu'elles grincent, elles finiront par s'éroder. Se dire poète relève d'une affirmation, celle d'une exigence personnelle, celle d'un engagement qui se donne pour moyen la pratique de l'Art. Aussi, pour que ce soit clair entre nous et que celles et ceux à qui cela ne conviendrait pas ne perdent pas davantage leur temps à éplucher le présent carnet, je précise que la Poésie est ici considérée dans son acception la plus ample, la plus généreuse, la plus ouverte, la plus libre. La Poésie, le lecteur et la lectrice l'entendront donc plus largement qu'en sa seule expression écrite, qui s'est accaparé l'appellation, l'a embourgeoisée. La Poésie s'offre à tout un chacun, libre à tout un chacun d'en disposer à sa guise et selon son génie. Le temps disposera de l'oeuvre. On ne peut attendre sa sanction pour se mettre à l'oeuvre.

&

Vivre poétiquement sa vie relève d'un choix personnel, qui va à l'encontre de la tendance dominante actuelle, irriguée par les principes marchands (qualité, réussite, efficacité, nouveauté - et son corollaire l'obsolescence - , mode, prix...) Dans la vie poétique, l'acte gratuit prime. L'efficacité importe peu. La victoire pas davantage. L'inutile et l'utile s'épousent. La fragilité est précieuse. L'erreur admise et nécessaire. Don Quichotte de la Manche n'emporte pas un seul de ses combats, il n'en a pas moins acquis ses lettres de noblesse et reste en selle depuis bientôt un demi-millénaire !

&

Je m'efforcerai de mettre en application la leçon de Don Quichotte, pour qui le poétique ne se distingue pas du prosaïque. Les moulins sont des géants. Le laboureur est un écuyer. La paysanne est une princesse.  L'aubergiste est un chevalier... Il indique que le poétique ne va pas de la chose à l'âme, mais de l'âme à la chose (j'aurai peut-être l'occasion plus tard d'élucubrer à propos de l'âme). Qui n'a pas l'âme disponible au souffle poétique ne saurait reconnaître la poésie en quelque sujet que ce soit - un visage, un paysage, un objet... Le poétique est un souffle, une tendance naturelle, innée, qui s'affine et se renforce dans le temps. Comme la capacité de courir de 100 mètres, de devenir un scientifique, un littéraire, un peintre, un musicien, un médecin... Le poétique émane d'une sensibilité qui dans le temps s'affine. Tout au long d'une vie poétique, c'est à dire vécue selon les principes de la Poésie. L'émotion, la beauté, la profondeur restent parmi les plus précieux de ces principes. L'art est une question de sentiment, de résonance avec le Tout. Une question d'Amour, considéré comme une modalité de la force universelle qui meut se monde, et prend un tour particulier en chaque coeur humain. C'est ainsi que je l'entends et le pratique.

à suivre...

©Olivier Deck

APPEL : Mmes et MM. galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur, chroniqueur, journaliste... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (exposition, publication, récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact par messagerie.

DÉFINITION INDÉFINIE DÉFINITIVE

Par Le 12/08/2024

DON QUIJOTE DE LA MANCHAmine de plomb, 105x84

ADAGP©OlivierDeck

Du voyage comme pré-texte. Prétexte d'une geste, soit. Souvent, avant d'aborder un nouvel exercice existentiel, je commence par revenir au dictionnaire.

Geste : Ensemble de poèmes en vers du Moyen Âge, narrant les hauts faits de héros ou de personnages illustres.

Voyons comme adapter cette définition classique au présent exercice.

Ensemble de poèmes en vers...
Ce sera une ensemble de poèmes, si l'on veut bien considérer ici la forme poétique comme désincarcérée. Pour ce qui est de la rime, elle sera parfois présente dans les chansons, mais pour le reste la narration ne s'encombrera pas de prosodie.

... du Moyen Âge...
De l'époque actuelle, je dirais plus volontiers qu'elle est un Âge Moyen. Très moyen. Passons.

... narrant des hauts faits ...
Là, pas sûr (rire). La réalité du voyage appelle à l'humilité. De hauts faits il ne sera pas forcément question. Je fais avec les faits qui se présentent. Ce qui est là. Le presque rien. Ce qui advient, même l'ennui, espace fondamental de la rêverie, siège de la création poétique. Aucun exploit en prévision, sauf imprévu. Je ne vais pas à la rencontre du Yéti, ni à la recherche de l'Arche perdue, ni du Graal. Je dirais que ce voyage sera intraordinaire, cherchant l'extra dans l'ordinaire.

... de héros ou de personnages illustres...
N'exagérons rien. Là encore, je ferai ce que je pourrai comme je le pourrai.

à suivre...

©Olivier Deck

APPEL : Mmes et MM. galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur, chroniqueur, journaliste... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (exposition, publication, récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact par messagerie.

SUR LE VIDE (extraits)

Par Le 06/06/2023

Rions labours noirs pluie 2018

notes du 6 juin 2023

Photographier, c'est écrire, c'est dessiner, c'est peindre. Alors je m'interroge sur ce que j'écris, ce que je dessine, ce que je peins.

&

Aujourd'hui je me pose la question du vide. J'aime les photographies qui laissent du vide, de l'espace, de la respiration. Mais quelle est la nature, le sens de ce vide? Qu'est-ce que le vide photographique?

&

Je considère ici comme "vide" une surface de l'image sans détail, sans ligne, sans figuration, sans rien qui accroche le regard, autre qu'une surface noire, blanche, grise, rouge, bleue, jaune... dans tous les cas : une surface unie. 

&

Comme mes images ne vont jamais jusqu'au blanc pur, "cramé" dirait le photographe, et qu'elles ont toujours un peu de matière, un peu de grain qui suggère le fourmillement atomistique de l'univers auquel j'appartiens, mes vides ne sont donc jamais vides. Ils ne sont vides que dans le sens où ils ne représentent rien d'autre que rien. Et rien n'est pas rien, si l'on veut faire un trait d'esprit un peu oriental. Rien c'est la lumière vierge. L'ombre vierge. Le rien contient. L'ombre recèle toujours sa vérité. La lumière aussi.

&

Il y a le vide dépouillé, radical, choisi. Le vide de l'épure, de la simplicité. Le vide qui va droit au non-but. Le vide dans l'idée chinoise du mot, si tant est que l'on puisse commenter le sens de mots venus d'une langue aussi éloigné du français. Je ne fais que reprendre ici ce qu'expriment d'autres avis, plus autorisés que le mien en la matière. Je m'arrange. J'oriente le sens à ma faveur. Tout en me gardant de faire du bouddhisme de boutiquier, du zen dézenné (comme il y a le café décaféiné).

&

J'aime le vide pour l'espace qu'il laisse à la pensée. A l'imaginaire. Devant une photographie qui s'ouvre largement au vide, je suis plus libre. Mon esprit est plus libre d'aller à sa guise, avec le moins d'injonctions possibles. Il peut divaguer. Le vide est le chemin de mille chemins.

&

J'aime aussi le vide pour la valeur esthétique que je lui accorde. C'est à dire l'effet qu'il produit sur moi. Pour le calme qu'il représente et, partant, procure.

&

L'enjeu du vide. Oser le vide, c'est aller au bord des possibilités de l'image. Se pencher au-dessus du rien. Eprouver l'inquiétude de l'absence. L'absence de forme. L'absence de repères. Dans le même temps, le vide rassure et inquiète. La représentation rassure. Pourtant le vide est une représentation. Une représentation du vide. Mais il pousse la pensée à l'erreur. Penser le vide donne le vertige. 

&

à suivre...

 

L'ATELIER PHOTOPOÉTIQUE, COACHING EN PRÉSENCE OU EN LIGNE

SUR L'ENNUi

Par Le 24/05/2023

Pleine lune sur le marais

L’ennui, je l’accueille comme il vient, quand il vient. Il toque à la porte? J’ouvre. Je l’invite à s’installer. Je prends un carnet de notes, une guitare, un livre, j’écoute une musique, je laisse aller librement les pensées devant un paysage, au pied d’un arbre, au volant d’une voiture, à l’ombre d’une terrasse, au fond d’un bistrot… Si l’ennui est intense, massif, alors rien. Je lui laisse toute la place. L’ennui, et c’est tout. 

La Moncloa

Par Le 12/05/2023

CARNET DE ROUTE (2022)
La Moncloa

Lorsque j’ai ouvert les yeux, une fine lame de lumière incisait la chambre à l’oblique. Elle s’immisçait par l’interstice entre les volets intérieurs pour se disperser en clarté cotonneuse, baignant la pièce minuscule. Petit matin.

Dans ACTUS

à Bernard Manciet

Par Le 06/05/2023

à BERNARD MANCIET

pour les cent ans de sa naissance (1923-2023)

Pendant les dernières années de sa vie, je rendais visite à Bernard Manciet, le mardi après-midi. Nous avions fait connaissance grâce à la poésie.

Il était une fois dans le sud.

Par Le 25/04/2023

CARNET DE ROUTE (2023)

Embutidos

J’ai quitté Jerez de la Frontera pour rejoindre Cordoue en passant par les itinéraires dérobés. Grimper dans la Sierra de Margarita, puis descendre vers Morón. Au-delà, rejoindre Osuna mais en prenant au sud-est, par Navarredonda, longeant la Sierra de San Juan. Paysage d’arbres inquiets, de chemins terreux. Pourquoi ce détour? Je ne sais pas. Je réponds à mon intuition. C’est elle la capitaine, elle qui mène le voyage.

Le cheval du ravin de Viznar

Par Le 17/10/2022

CARNET DE ROUTE (2022)

Le cheval du barranco de Víznar

Almendralejo. Sud de l’Extremadura. Avant l’aube, je prends la route. Cette fois j’ai décidé d’entrer en Andalousie au nord-ouest, par Cabeza del Buey, pour descende jusqu’à Grenade en suivant une diagonale au petit bonheur, privilégiant les routes dérobées. D’un train de sénateur.

 

Dans ACTUS

"Un peu plus que la vie" un livre chez CONTREJOUR

Par Le 01/12/2016

2017

le cycle photopoétique "Un peu plus que la vie"

aux éditions CONTREJOUR,

dirigées par Claude et Isabelle Nori, . 

Torse profil

Dans ACTUS

EXPOSITION "UN PEU PLUS QUE LA VIE". DAX 03/17

Par Le 03/11/2016

 

"UN PEU PLUS QUE LA VIE" 

méditation poétique sur l'enfance et le paysage