chanson

DE L'EXTRÊMORDINAIRE

Par Le 14/08/2024

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11 août 2024 Capbreton

Attendre le départ. Regarder encore les cartes. Lire. Rêver le voyage.
Dans son livre BW, Lydie Salvayre évoque le voyage conçu comme un tauromachie. C'est ainsi, en effet. Encore une fois, je pars pour me frotter à l'inconnu au-dedans, pour risquer ma peau actuelle, pour mourir à moi-même et renaître au plus près de ce que je suis, de ce que je crois être, de ce que je deviens. Pour muer à l'intérieur. Chaque voyage est l'occasion d'une métamorphose de soi en soi. Avant de partir, je relis les propos de Jankélévitch sur l'aventure. Celle qu'il nomme l'aventure aventureuse, par opposition à l'aventure aventurière. Il n'est pas d'aventure véritable que celle qui engage la vie, met en danger, et point de danger véritable autre que le danger de mort. La Poésie, c'est descendre dans l'arène de l'existence sans aucune autre raison que de se frotter au réel tel qu'il est. Non dans ses extrêmes extraordinaires mais dans son extrême ordinaire, que le poème métamorphose. L'extrêmordinaire. Un appareil photo, une plume, une guitare à la main, être capable de considérer ce qui advient comme un défi, un enjeu à la vie à la mort. Allez jusqu'au bout. Sans idée de gagner ni de perdre.

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Je pars pour prendre un temps d'avance. Pour aller au-devant de ce qui adviendra. On pourra m'accuser de chipoter, advient ce qui advient, certes, qu'on le devance ou non. Oui et non. Je choisis de partir pour me jeter encore et encore dans l'aventure du chemin, changer les données de la normalité. Certes, je ne brave pas d'autre danger que le danger métaphorique, si l'on excepte les dangers de la route, le risque d'être occis pour un oui ou pour un non au détour de la rue par un malfaisant, de manger une tortilla toxique préparée avec des oeufs importés de la région de Zaporijia, une ensaladilla rusa concoctée par un cuistot russe du SVR qui m'aurait pris pour un espion allemand à cause de mon teint teuton exacerbé par le soleil andalou et de mon Leica made in Germany, de contracter une maladie échappée de la pisse du pangolin ou d'un laboratoire chinois de recherche médicale, on n'est plus sûr de rien, en ce monde civilisé. Cela ne date pas d'aujourd'hui, je me souviens, lorsque j'étais enfant, de ces longues files de gens qui attendaient - c'était du côté de Valencia - pour être vaccinés contre le choléra dont une épidémie se propageait en Espagne. Bref, sauf accident de parcours, je ne vais pas au-devant du danger habituel dont l'aventurier fait sa publicité. Foin de tigre du Bengale, de sommet à 8000 ou de tempête en mer... Ici, le danger est intérieur. Le toro est métaphorique. Je prends la route pour écrire une chanson de geste sans savoir de quoi sera fait le voyage. Je vais au-devant de ce qui voudra bien croiser ma route. Comme Don Quichotte va au-devant des péripéties. Je ne laisse pas venir, je ne reste pas chez moi, bien installé dans le fauteuil des habitudes, les pieds glissés dans les rassurantes pantoufles du décor familier, entouré par mes livres, mes casseroles et mes guitares. Je pars. Parce qu'il y a péril en la demeure, voilà qui n'est pas nouveau, certes, mais toujours valable. La même Lydie Salvayre, dans le même livre qui traite des voyages de BW, cite la "manie ambulatoire" signalée dans les manuels de psychiatrie. Sans doute suis-je atteint, comme le chevalier à la triste figure, du mal ambulatoire. Le syndrome du partir. Le mouvement est à la fois mon symptôme et ma potion, la distance mon saignement et mon traitement au long cours.

à suivre...

©Olivier Deck

APPEL : Mmes et MM. galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur, chroniqueur, journaliste... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (exposition, publication, récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact par messagerie.

PRÉAMBULE. Des hauts faits d'âmes.

Par Le 08/08/2024

DQ cheval lance encre 23

Mardi 19 septembre 2023    Capbreton

DES HAUTS FAITS D'ÂME

"Le poète peut chanter ou conter les choses, non comme elles ont été, mais comme elles auraient dû être..."
Cervantès in Don Quijote de la Mancha.


Il y a plusieurs années, de nombreuses, très nombreuses années, sans doute depuis que j'ai emprunté la voie des arts, à l'adolescence, que je sais avoir rendez-vous avec Lui. L'ingénieux hidalgo, le Chevalier à la triste figure. À mon regard, parfait symbole du poète errant, il n'est pas le dernier à manifester son goût pour la poésie, au long de ses aventures. Poétiser signifie : "faire". Ce à quoi il veut croire, il l'invente. Ce qu'il veut vivre, il le suscite. Ce qu'il veut affronter, il se l'impose. Ce qu'il considère comme mauvais, il le combat. Quelle différence avec tout ce que j'ai connu en cette vie? Quelle différence avec la poésie vécue, concept si cher à Holderlin ou Rilke?

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Tout ou presque de ce nouveau voyage sera im-prévu, comme le fameux roman de chevalerie lui-même. Il consistera en des "sorties" pour aller au-devant d'aventures que je rencontrerai en chemin, au gré de mon imagination, de mes humeurs, de mes désirs. Don Quichotte est le grand défenseur de la liberté d'être et de penser, de raisonner et de déraisonner. Liberté d'âme, liberté de corps.

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Si j'ai choisi d'errer, de divaguer,  jusqu'à en faire un mode de vie, c'est pour cette sensation unique de liberté que cela me procure. Alors, fort de sa leçon, le héros fait de moi un héraut. Un humble chantre d'une existence bohémienne, vouée à la Poésie, c'est à dire à l'Art, à la Beauté, à l'Émotion, au service de l'énergie primordiale d'où Tout procède, où Tout revient toujours pour l'éternel recommencement du même changé en autre que lui : l'Amour. D'Amour, je parlerai, bien entendu. Point d'aventure chevaleresque sans lui. Il ne sera même question que de cela, puisque l'Amour est justement l'expression sublime de la force primordiale de ce monde, celle qui pousse en avant, qui crée, qui protège.

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Je m'engage ici avec les seules armes du poète. Il ne s'agit pas de faire couler le vrai sang, quoique encore une fois je me saignerai aux quatre veines pour mener à bien cette aventure. Encore une fois j'y mettrai tout mon courage, toutes mes forces, et mes pauvres maravédis, plus trébuchants que sonnants. Et toujours, dans mon bissac, un Leica, une guitare, un carnet, une guitare. Don Quichotte, dans le chapitre XVI de la deuxième partie, moque Sancho en lui disant qu'il est de ceux qui, aux arènes, préfèrent voir le toro du haut de la galerie. Vivre poétiquement, même si le danger n'est pas physique - encore que, le corps y laisse du sien - c'est descendre dans l'arène de la vie. C'est se battre. Livrer un combat créateur au moyen de l'action poétique. En moi, l'Ingénieux hidalgo a troqué son épée, sa lance, contre les attributs de l'artiste. Je me prends pour lui, direz-vous, et vous aurez raison, c'est précisément le sens de ce nouveau voyage. Après tout, serait-ce usurper quoique ce soit? Un auteur (Cervantès en témoignerait), ne saurait souhaiter plus beau legs qu'une kyrielle d'identifications à son héros. Celui-ci s'offre à tous. Le personnage est si ouvert, si universel, que chacun peut se retrouver en lui. Ce que je fais ici. Poète erratique, bien avant d'avoir entendu parler du Quichotte, je ne suis que plus conscient du sens mon chemin depuis que j'ai croisé le sien dans les livres. Ce voyage est un tribut que je lui dois, un geste de reconnaissance. Un adieu, peut-être.

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à suivre...

NOTE : Galeriste, éditeur, directeur de centre culturel ou artistique, amateur d'art, organisateur, programmateur, collectionneur... si vous êtes intéressés pour soutenir ce projet, aider à sa production, sa publication, son exposition, sa présentation en public (récital, lecture, chanson, projection, conférence...) n'hésitez pas à prendre contact avec moi.

Dans CHANSON

HIDALGO SANS TERRE, mais en ligne!

Par Le 01/11/2023

HIDALGO SANS TERRE, mais en ligne !

Poème : André Velter

Musique, guitare, chant : Olivier Deck

enregistré au Studio La Buissonne, 2015

Hidalgo sans terreSUR LES PRINCIPALES PLATEFORMES MUSICALES

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DEEZER

Dans CHANSON

Avec André Velter, Énergie noire

Par Le 09/09/2023

Ma rencontre avec le poète André Velter, à Québec au début de l'année 2008, a sur le champ été marquée au fer de l'Amitié, et de la Poésie vécue. Quelques semaines après, je l'invitais à partager la scène du festival Jazz naturel, à Orthez et nous faisions notre première chanson-poésie, Océan d'orage. C'était parti!

Dès lors, nous n'avons eu de cesse de créer et de temps en temps, nous montons sur les planches pour un récital au long cours, lu (par André), chanté (par moi), tous deux convaincus que la poésie, lorsqu'elle s'acoquine avec la chanson française, renoue avec ses propres racines et se projette vers l'avenir.

J'ignore combien de chansons j'ai composées au long de ces quinze années. Une quarantaine sans doute. Certaines sont déjà oubliées, ou quasi. D'autres mûrissent à l'ombre de ma guitare. D'autres sont créées, modifiées ou attendent de l'être. Barbara disait qu'un chanson n'est jamais achevée. Le propre de la poésie vécue, c'est bien d'être vivante! Les premières relevaient à leur façon une sorte de défi. Je parcourais les recueils d'André, et j'en retenais des poèmes qui n'avaient en rien été destinés à la chanson. Au fil du temps, il a écrit des textes davantage orientés vers la mise en mélodie, et je le houspille même parfois pour qu'il me confie des poèmes rimés. En bref, tous les coups sont permis, dès lors qu'ils sont poétiques.

En 2015, nous enregistrions un premier ensemble, dans le fabuleux studio La Buissonne, à Pernes-les-fontaines. "Paseo Grande" fleurait l'Espagne, la silhouette du Quichotte se détachait sur les crêtes, et les embruns de la Méditerrannée se mêlaient à ceux de la mer de Chine, eux-mêmes portant les poussières de l'Himalaya et de l'Inde... André voyage et fait voyager. Le livre-cd, après longtemps d'attente, verra bientôt le jour dans un projet plus vaste, puisque nous avons décidé d'enregistrer un nouvel opus de chansons-poésies, "Énergie noire".

Cette fois, nous sommes trois. André, votre serviteur, et Laurent Decavèle, à la prise de son et à la guitare basse acoustique. Nous avons mis le pied à l'étrier en ce mois de septembre, et si tout se passe comme prévu, nous achèverons l'enregistrement en 2023, pour envisager ensuite une parution.

A suivre, donc...

ci-dessous, quelques images de la première séance de travail. Dans un lieu de Provence dont j'ai oublié le nom...

André Velter; 0923

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