Un site internet, une page instagram, des albums en ligne, des articles pour partager des expériences... à quoi bon, si ce n'est pour faire connaître une oeuvre photographique? J'ai choisi la voie des arts comme mode de vie, comme principe pourrais-je dire, par conséquent au bout de la chaîne de création, je m'adresse au collectionneur de photographie contemporaine.
Collectionneur débutant, collectionneur aguerri et curieux, l'artiste à besoin d'eux, comme ils ont besoin de l'artiste. Parce qu'une oeuvre d'art a une importance vitale pour l'un comme pour l'autre. Cela passe par la vente, l'aspect économique (l'artiste paie sa baguette de pain avec le produit de son art!), mais ne se limite pas à la valeur marchande. Une photographie, c'est une image qui, dès lors qu'elle rejoint une collection, entre dans une nouvelle vie. Elle ne sera pas pour le collectionneur ce qu'elle était pour le photographe. Elle investira une autre histoire, une autre intimité, un autre récit. Plus une poésie porte une énergie profonde, poétique, plus elle ira loin dans le coeur de ceux qui la regardent. Je vois dans ce rapport de l'artiste et du collectionneur amateur d'art un partage de l'intime, un partage de la solitude. La solitude propre à chacun, le secret de ce for intérieur qui n'appartient qu'à l'être lui-même et à personne d'autre.
Photographie d'art contemporaine, certes, qui plus est, en noir et blanc! La photo monochrome n'a pas les faveurs de l'ensemble du public. Qu'à cela ne tienne. Elle est pure, radicale, parfois minimaliste. Elle va à l'essentiel. D'aucuns prétendent qu'elle est triste! C'est moi qui suis triste lorsque j'entends cela. Triste pour celui ou celle qui n'est pas sensible à la beauté des images en noir et blanc. Tristes, les images de Josef Sudek, d'André Kertész, de Paul Strand, d'Alfred Stieglitz, en bref, de tous ceux qui ont fait l'histoire du médium, qui lui ont offert ses lettres de noblesse?
Une photographie en noir et blanc va à l'essentiel. Non que celles en couleurs se perdent dans les fioritures, elles peuvent être pures aussi, mais ajoutent l'effet de la couleur, des arguments en plus. Comme un beau visage maquillé et un beau visage sans fard. Comme on joue de la guitare ou du piano, pour exprimer sa musique intérieure.
Pour aller au plus près de ma sensibilité, je ne photographie plus qu'en noir et blanc depuis 2012. En 2024, j'ai fait une petit infidélité, avec un travail de nature morte en couleur, au Leica M11, mais en dépit de la beauté des images, je suis revenu au M10 monochrome. Parce que mon rapport à la pratique et le résultat obtenu sont beaucoup plus près de ce que je suis.
J'ai longtemps hésité entre le noir et blanc et la couleur. La sortie du premier Leica M monochrome a été décisive pour moi. J'ai revendu tout mon matériel (Nikon, deux zooms qui couvraient du 35 au 500) pour acheter un boîtier et un 50mm qui ne m'ont plus quitté. Ah, j'exagère. Deux ou trois ans plus tard, j'ai ajouté à mon petit arsenal le tout petit Summicron 40mm, qui allait devenir le compagnon exclusif de mes voyages. Le 50 Summilux, (la plus belle optique qui m'ait été donné d'utiliser!) étant dès lors réservé au travail du portrait et de la nature morte, soit une approche posée. Le 40 est si proche de ma vision que je "vois" ma composition avant même d'avoir mis l'œil dans la visée. En outre, il est si discret, si léger, qu'avec le boîtier M il m'est devenu aussi naturel que mes mains ou mes pieds, je l'ai incorporé, comme un troisième œil.
L'engagement que je mets dans mon travail photographique est une main tendue vers l'autre, celui qui sera touché par mon image, parce qu'elle a une force d'expression, une puissance dans sa composition, ses contrastes, ses nuances. Plus peut-être que dans son sujet... mais c'est un autre sujet. Je vous parlerai plus tard de la beauté propre au noir et blanc. La beauté, oui. Je suis de ces artistes qui n'ont pas perdu d'esprit que la beauté, la Beauté, est à la source et à l'horizon de l'Art. Et que sa célébration, tellement signifiante, épuisera les artistes avant qu'elle ne s'épuise.
À suivre, donc.
Et pour les amateurs d'art, primo-collectionneurs ou collectionneurs chevronnés,
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(ainsi que de mes collages et dessins)
Olivier Deck